les Points d'Histoire
des Amis du vieux Guérigny

Histoire, anecdotes, évènements et mémoires de Guérigny.

 
Le gardiennage des bâtiments des Forges de La Chaussade
La porte des Abbés du château de La Chaussade avec un garde consigne en faction
La porte des Abbés du château de La Chaussade avec un garde consigne en faction
Plan de la forge de Demeurs en 1846 (AD Nièvre S 8787)
Plan de la forge de Demeurs en 1846 (AD Nièvre S 8787)

     À l’origine le gardiennage des portes des bâtiments des Forges de La Chaussade était assuré par des gardiens, qui ont fait l’objet d’une réglementation en 1818.

    Par la suite un statut des agents de gardiennage des ports et établissements de la Marine hors des ports a été fixé par décret du 8 mai 1872. Les « portiers consignes » étaient ainsi chargés spécialement de la surveillance de toutes les issues de l’établissement. Guérigny était doté de 19 agents dont certains étaient en outre plus particulièrement affectés à la propreté de l’établissement et aux communications entre les services.

    Par la suite, le décret du 30 mars 1882 a militarisé ces agents qui sont devenus des « gardes-consignes ». L’article 12 d’un arrêté ministériel du même jour stipulait que leur habillement était composé de : 2 tuniques dont une pour la grande tenue, 2 pantalons, 2 képis, et 2 paires de brodequins. Les tuniques, les pantalons et les képis étaient en drap bleu foncé. Ils étaient en outre notamment armés d’une carabine de gendarmerie modèle 1874.

    Le statut de ce corps restera en vigueur jusqu’en 1928. Et dans certaines anciennes cartes postales on peut ainsi apercevoir un garde-consigne en faction.

    Pour connaitre la suite du gardiennage des bâtiments des Forges de La Chaussade on visitera l’exposition temporaire du musée Forges et Marines ouverte du 6 juillet au 22 septembre 2024.

La grosse Forge de Demeurs
Forge de Demeurs - photo ©Xavier Spertini
Forge de Demeurs - photo ©Xavier Spertini
Plan de la forge de Demeurs en 1846 (AD Nièvre S 8787)
Plan de la forge de Demeurs en 1846 (AD Nièvre S 8787)

     L’origine de la forge de Demeurs, commune d’Urzy, est très ancienne.  On sait qu’en 1509, Jacques Gascoing, seigneur de Demeurs, avait fait édifier une grosse forge à cet endroit. En 1752 Babaud de La Chaussade devient propriétaire de cet établissement, qui est vendu au Roi en 1781.

   Il faudra attendre le début du XIX ème pour voir une modification importante par la construction d’un vaste bâtiment, d’une superficie de 339 m2, à usage de grosse forge. Celui-ci est mentionné dans l’Etat de la propriété immobilière des Forges de La Chaussade dressé en 1833, avec la mention de l’empellement et d’un déversoir.

    Un plan a été dressé en 1846 lors de la demande d’autorisation d’installation d’une chaudière. On constate que ce bâtiment est relié directement, par un pont sur le bief, avec les immeubles situés en face à usage de logement et de charpenterie.   

   En novembre 1855, l’inspecteur des travaux hydrauliques de la Marine, Félix Jean-Baptiste Reibell (1795-1867), note dans son rapport que cette usine emploie 30 à 40 ouvriers, dont 18 sont logés.

    Dans son descriptif technique rédigé en 1869 l’ingénieur de 1ère classe De Champs indique la présence à Demeurs d’un « vaste atelier » renfermant 4 feux d’affinerie qui livrent, par an, 1 200 000 kg de fer. Les anciens locaux renferment alors du charbon de bois.

   Les bâtiments qui existaient au XVIII ème siècle ont été démolis au début des années 1970 et remplacés par une construction à usage de bureaux par l’entreprise Parrotta, aujourd’hui à l’abandon le plus complet. Par contre la grosse forge fait partie aujourd’hui d’une zone d’activité qui regroupe actuellement trois entreprises.

Pour en savoir plus :

On peut lire l’article de Jean-Paul Gauthron « les zones d’activité héritières des Forges de La Chaussade » 1ère partie à paraître dans le tome pour 2024 du Marteau pilon, publication annuelle des Amis du Vieux Guérigny et 2ème partie à paraître en 2025.

La Gendarmerie nationale et la Juvaquatre
La Juvaquatre Renault de la Gendarmerie
La Juvaquatre Renault de la Gendarmerie

    La Juvaquatre Renault est présentée au salon de l’automobile de Paris en octobre 1937. Sa fabrication va s’achever en 1960 et elle sera remplacée par la 4 CV. Mais, à la demande du Ministère des Postes, une version utilitaire est préparée dès 1938. Elle va continuer sa carrière sous cette version. Il s’agit d’un véhicule avec boite de vitesse 3 rapports (la première étant non synchronisée), d’une vitesse de croisière de 70 km/h, pour une consommation de 7 à 8 litres aux 100 km.

    La gendarmerie va adopter la Juvaquatre en version « fourgonnette vitrée » dès 1950. Chacune d’elle pourra être équipée d’un poste radio émetteur d’origine américaine. Il s’agira du premier modèle d’un véhicule qui sera affecté aux brigades.

    La gendarmerie nationale et le Touring club de France vont lancer, sous l’appellation « Secours Routier » une version avec brancard, mallette « premiers secours », et boite à outils.

    Ce véhicule sera remplacé, par la suite, par des Peugeot 203 et 403, de teinte noire, et avec gyrophare orange.

     Pour compléter ce texte : visiter l’exposition « La gendarmerie, trois siècles au service des Nivernais » du 6 juillet au 22 septembre au musée Forges et Marines.

On fabriquait aussi des briques et des tuiles à Guérigny
Halle de la tuilerie à Guérigny
Halle de la tuilerie à Guérigny
Brique "Courty" à Guérigny
Brique "Courty" à Guérigny

    Monsieur de La Chaussade possédait une tuilerie à Villemenant. On sait qu’elle existait dès 1775. Elle faisait partie des biens acquis par le Roi en 1781. On la retrouve dans l’inventaire des biens remis à la Marine en 1793. Et les Forges de La Chaussade l’ont exploitée jusqu’en 1847.

    A cette date la tuilerie est vendue au comte de Berthier Bizy. Elle est ensuite cédée à Monsieur Annet Courty le 23 décembre 1875. Celle-ci sera ensuite exploitée par son fils Antoine Courty, jusqu’à sa mobilisation en 1914. A son retour de la guerre son état de santé ne lui a pas permis de remettre la tuilerie des Chaumes en activité.

    On cuisait alors 5 000 briques par fournée, plus des tuiles et des carreaux. Aujourd’hui la halle et le four ont disparu et seule l’habitation subsiste. Toutefois on trouve encore, dans des constructions, des briques provenant de cet établissement.

    Pour en savoir davantage, on peut lire l’article de Jean-André Berthiau intitulé Inventaire des sites métallurgiques de la Nièvre : la tuilerie de Villemenant, commune de Guérigny dans le Marteau pilon Tome VIII,1996, page 85.

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L’avenue du Général Cheutin à Guérigny
Plan de l'avenue du Général Cheutin à Guérigny
Plan de l'avenue du Général Cheutin à Guérigny
Lieutenant Cheutin à bord de son avion
Lieutenant Cheutin à bord de son avion

   Généralement les habitants de Guérigny ignorent l’histoire des rues de leur commune. Ainsi pour l’avenue du général Cheutin, qui est la dénomination actuelle de la route, tracée au XVIIIème siècle, pour relier le centre de Guérigny à Poiseux, dans un premier temps, puis par la suite Prémery. Cette route était bordée d’arbres, au moins semble-t-il jusqu’au domaine de Châtres.

   Par la suite on lui a donné, dans sa première partie, le nom d’avenue du général Cheutin (1880-1938). Après avoir été apprenti chaînier en 1896, probablement dans l’ancien atelier des petites chaînes, aujourd’hui démoli, il contracte un engagement dans l’armée de terre. Puis, attiré par l’aviation il devient élève pilote en 1910 et obtient son brevet le 15 juillet 1911.

   On le retrouve alors lieutenant pilote sur le front en 1914 puis au Maroc. Il sera promu colonel en 1926, puis général de brigade aérienne en 1932.

   À noter le 21 août 1913, à dix heures, son atterrissage dans la prairie de Guérigny aux commandes de son biplan Farman, devant une foule d’habitants.

   Pour en savoir plus : lire l’article de Jean-André Berthiau, intitulé : Jean Etienne Cheutin (1880-1938) un chaînier guérignois pionnier de l’aviation publié dans le Marteau pilon tome XXIV, 2012, page 69.

Avion Farman dans une prairie à Guérigny
Avion Farman dans une prairie à Guérigny
Les Chambres Neuves
Pompe des Chambres neuves des Forges de La Chaussade
Pompe des Chambres neuves des Forges de La Chaussade

  Lors de sa visite des Forges Impériales de La Chaussade en 1855 l’inspecteur des travaux Hydrauliques REIBEL a été frappé par l’état « affligeant » des logements du personnel. Et lors de la construction du nouvel atelier de tôlerie en 1855, le directeur des forges Alphonse Louis Zéni indique au Ministre de la Marine qu’il y a urgence à régler le problème du logement pour les affineurs qui vont travailler dans ce nouvel atelier de Villemenant et qui, sans danger pour leur santé, ne peuvent se retirer au loin.

   Un terrain est acheté le long de la route de la Quellerie, en face des nouveaux ateliers et le cahier des charges prévoyant la construction de 3 bâtiments est adopté le 10 février 1858. On sait qu’en août 1859 deux des trois bâtiments sont achevés.

   Chacun des bâtiments est élevé d’un rez-de-chaussée et d’un étage avec 10 logements à chaque niveau. A l’arrière on trouve une grande cour commune limitée par des caverons, un four à pains et des jardins. L’approvisionnement en eau est assuré par 2 grandes pompes à balancier, situées près du mur de l’usine. Les installations fournissent ainsi l’eau potable pour l’arrosage des jardins et de l’eau chaude pour les travaux ménagers. Ainsi la pompe chaude et la pompe froide crachent leur eau par des têtes de lions ouvragées. Et on pouvait accéder directement aux ateliers de Villemenant par la « porte de Majunga ».

   La vie quotidienne aux chambres neuves, dans l’entre deux guerres, est relatée dans un remarquable article de Raymond Colas, publié en 1991 dans le Marteau pilon, revue des Amis du Vieux Guérigny.

   Pour aller plus loin on consultera l’audiovisuel « Guérigny d’hier à aujourd’hui » au musée Forges et Marines. Et l’article de Raymond Colas intitulé « Les échos des chambres neuves dans les années 20 », Marteau pilon Tome III, 1991 page 105 que l’on peut se procurer au musée ou par correspondance (le site contient des bulletins de commande à télécharger).

Les Chambres neuves aux Forges de la Chaussage
À gauche, la porte de Majunga. À droite, deux bâtiments des chambres neuves. Les cheminées des aciéries viennent d'être achevées car elles portent des drapeaux, cette vue date donc de 1904.